mercredi 19 mars 2014


Ouled Bou Saâd

1-      Aperçu historique :
Abordée dans l'Antiquité, réduite puis gelée par de subtiles spéculations généalogiques à l'époque médiévale, reprise à l'époque coloniale, la question des origines des Berbères, cherchées tantôt dans les sources linguistiques, tantôt dans les rapports ethniques, reste mal résolue. Au VIIIe millénaire avant Jésus-Christ, un type d'homme anthropologiquement proche des habitants actuels du Maghreb fit son apparition. Probablement d'origine orientale, cet Homo sapiens sapiens, appelé «capsien» – de Capsa, nom antique de Gafsa (Tunisie) –, serait l'une des composantes de la souche berbère.
Le massif Orbata était formé, selon l’étude de Fredj Chaabani (www.univ-brest.fr/geosciences/GFC/pdf/resumesJJphilip18Mai06.pdf ), depuis l’âge aptien c‘est-à-dire depuis plus 100 millions d’années. Les berbères ont donc trouvé naturellement refuge dans les grottes et les hautes altitudes de ce mont afin d’éviter le conflit avec les différents envahisseurs. Au début c’était les phéniciens, puis les romains, les byzantins, les arabes, les turques et enfin les français. Le contact était rare, et cet abri est devenu une voûte qui, par conséquent, rendit ces indigènes en marge des sociétés voisines. Par exemple, le village de Saket est plus archaïque que la ville de Kairouan. Mais son histoire semble figée autour de ce sinistre massif comme le figement de ses rochers.
Le projet est donc une occasion en or de briser les jougs de cet isolement et de s'appuyer sur la richesse du patrimoine culturel du secteur du mont Orbata pour offrir un environnement de lien agréable et propice entre les habitants oubliés de Saket et le monde extérieur. Notre tâche c’est de mettre l’accent sur la vie quotidienne de ces habitants, leur impact avec l’environnement, et notamment mettre en valeur leur activité artisanale et agricole.

2-       Caractéristiques physiques et statistique de ce village :
Orabata est une montagne située à l'est de la ville de Gafsa entre les villes d'El Ksar et de Sened. Elle s'étire sur une soixantaine de kilomètres selon une disposition latitudinale sud-ouest/nord-est et culmine à 1 165 mètres d'altitude (Biadha). Elle est prolongée à l'ouest par le Djebel Bou Ramli et à l'est par le Djebel Bou Hedma. Au pied d’Orbata à l’Est, se trouve notre village indiqué ci-dessous avec une bulle rouge  (voir Fig.1).



                                                Fig.1

En ce qui concerne les habitants, la simplicité de ces gens a reflété la simplicité des statistiques : les chiffres ronds caractérisent leur nombre. On a 2850 villageois y compris 1500 femmes et 1350 hommes.
-          Les femmes :
Mariées moins de 45 ans
Célibataires moins de 45 ans
Femmes plus de 45 ans
Tisseuses (qui manipule le tissage)
424
260
816
800

-          Les enfants :
On a, en tout, 582 enfants y compris les enfants moins de 5 ans (427) qui ne fréquentent pas le crèche ou jardin d’enfants, seuls 23 parmi eux y sont présents. Il y a deux écoles et voici la répartition des élèves selon les statistiques de l’année scolaire 2011-2012 :

Ecole de Msakin Bou Sâad : 6 classes dont 128 élèves.

Garçons
67
Filles
61

Ecole de Dakhlit Bou Sâad : 5 classes (les élèves de la première année y manquent) dont 27 élèves :

Garçons
14
Filles
13


Ce qui caractérise ces villageois c’est le taux culminant des célibataires surtout chez les femmes. Ce phénomène est issu de leur rupture avec le monde extérieur alors que leurs hommes (qui peuvent circuler librement) se marient des femmes étrangères. Demeurées cloitres dans leur domiciles, ces pauvres femmes se trouvent face à elles-mêmes et se livrent à l’apprentissage du tissage d’où le nombre élevé des tisseuses.
3-    L’économie :

·         Le Tissage :

Sans cet élément, les femmes, surtout les célibataires, ne trouveront jamais à quoi se nourrir. En fait, le tapis de Bou Saad est connu partout en Tunisie et on y trouve des divers symboles et motifs, et chacun de ces motifs raconte une histoire : Koubbou Gaïd, El Ghzell, El Margoum sans oublier El Bernous.
Les tisseuses en dépendent entièrement, parce que cette activité n’est pas uniquement d’ordre économique mais aussi d’ordre social : pour ces femmes, tisser des tapis c’est aussi tisser des liens entre elles. Dans les pièces réservées au tissage de la laine ou de l'alfa, dans ces lieux où travaillent ces femmes, au rythme des peignes sur le tapis, les discussions sont entrecoupées de chants et de rires.




 
         Fig2. Portrait de deux tisseuses

·         La récolte des olives :
Cette activité est saisonnière et ne donne pas des solutions efficaces pour les habitants de cette région pour des différentes raisons. L’eau, comme nous le savons tous, est rare dans tout le sud de la Tunisie et la richesse des oliviers dépendent incontestablement des caprices de la nature. En plus, les olives, comme les Noëls, ne se présentent que quelques jours pendant l’hiver.
La récolte se fait par coopération entre les villageois que ce soient hommes, femmes, ou enfants. Toujours le chant y est présent. Voici un lien dans lequel vous trouverez une scène de cette récolte : http://www.youtube.com/watch?v=wEKJ8-Ras_c


I-                 Programme du projet :
C’est un voyage sensible dans le quotidien du village qui se situe au pied de Djebel Orbata. Un festival, enrichit par des expositions et meeting, pourraient suffire afin de  maintenir le lien avec le passé et servir de trait d’union au monde extérieur. Certes, la focalisation est interne mais la cible sera en majeure partie pour les femmes et particulièrement les tisseuses.
Voici un tableau récapitulatif du calendrier de ce festival :





-          La première semaine :
Cette semaine sera réservée pour faire une sorte de projection sur le produit. Il est très nécessaire d’en évoquer l’importance parce que c’est à travers ces produits qu’on puisse nous approcher davantage du village.
Première journée
Exposition des différents produits de tissage dans l’hôtel de Jugurtha et inauguration du festival.
Deuxième journée
Visite guidée par des experts de ce produit avec la présence des touristes.
Troisième journée
Un exposé filmé du quotidien de cette région et présentation des tisseuses

-          La deuxième semaine :
Le contact avec les artisanes est aussi un contact avec la femme de cette région. Les difficultés rencontrées par les tisseuses qui en représentent la majorité (voir ci-dessus) résument en général les problèmes des toutes les villageoises, voire même des villageois de Bou Saad.
Première journée
Réunion avec 20 tisseuses pour exposer leur difficulté et s’approcher à leur ambition en la présence des responsables du gouvernorat et experts.
Deuxième journée
Présentation ou exposition guidée par les tisseuses des symboles berbères dans les différents produits.
Troisième journée
Approche avec d’autres régions de la Tunisie ou des berbères de l’Algérie en présence de leurs représentants.

-          Troisième semaine :
Cette semaine n’est que le résultat de la précédente dans la mesure où on va y évoquer au monde des responsables les difficultés rencontrés par les habitants de cette régions et faire entendre leur voix revendicatives.
Première journée
Réunion pour mettre en projection les difficultés de la région.
Deuxième journée
Invitation des représentants de la région et discuter sur les opportunités possibles.
Troisisème journée
Table ronde avec les responsables du gouvernorat.

-          Quatrième journée :
Voir illico la région sera un voyage de rêve.

Première journée
Visite de la région et contact avec ses habitants.
Deuxième journée
Simulation d’un mariage à la tradition berbère.
Troisième journée
Conférence de presse.